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Illectronisme, un fléau pour les personnes âgées

L’illectronisme, contraction des notions d’illettrisme et d’électronique, touche une personne sur deux chez les plus de 75 ans. Cette incapacité totale ou partielle à utiliser les appareils et applications numériques accentue l’isolement social des personnes concernées. Etat des lieux et solutions.

Illectronisme – Le phénomène :

Il est aujourd’hui tellement prégnant qu’il a donné naissance à un mot. En France, selon une étude menée par le syndicat de la presse sociale (SPS) et l’institut CSA, il concerne une personne sur quatre, soit près de 11 millions de personnes. Une personne sur quatre qui rencontre des difficultés à utiliser Internet dans la vie de tous les jours.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Près de 20% de la population n’utilise pas Internet ou abandonne en cas de difficulté. Ce pourcentage monte à 36% pour les plus de 70 ans et à 42% pour les plus de 80 ans. L’Observatoire des seniors parle lui d’une personne sur deux, chez les plus de 75 ans, qui n’ont pas d’accès internet à la maison ou qui ne l’utilisent jamais par choix ou par incapacité ! Conscient du problème, le SPS a édité en juin 2013 le Livre blanc « contre l’illectronisme ».  Dans cet ouvrage très complet, il pointe différentes causes dont la rapidité du changement.

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L’illectronisme une transition trop rapide ?

En quelques décennies, l’ordinateur, le smartphone, la tablette numérique ont modifié la façon d’interagir socialement et surtout administrativement. Non seulement, il faut savoir lire et écrire, mais il faut aussi savoir cliquer et déchiffrer le langage informatique. Les services publics ont largement suivi la tendance en dématérialisant massivement la plupart de leurs démarches. Et ce avant que les personnes aient eu le temps de s’adapter. Le changement s’est fait de façon rapide, incontournable et non négociable. Sans grande considération pour les usagers et sans véritable explication.

Le temps de l’accompagnement n’est venu qu’après, laissant sur le bord du chemin bon nombre d’usagers. Résultat, l’illectronisme, au même titre que l’illettrisme, est devenu un phénomène de société. Plutôt que de faciliter la vie des usagers, internet est devenu pour beaucoup un casse-tête, voire un sujet d’angoisse. Internet désormais perçu comme seul moyen de contact, affole ceux qui ne parviennent pas à l’utiliser. Et qui comprennent qu’ils ne pourront contourner leurs lacunes par un appel téléphonique, un courrier ou un entretien en présentiel.

Manque de pédagogie

L’illectronisme est d’autant plus dommageable pour ceux qui en souffrent, qu’il leur fait perdre confiance en eux. A cela s’ajoute la peur du monde numérique, du piratage, des fake news et autre tentatives d’escroquerie, le manque de compréhension des formats de fichiers, la complexité des sites… Le RGPD (règlement général sur la protection des données) entré en vigueur en mai 2018, n’a pas été suffisamment vulgarisé et expliqué.

L’UFC-Que Choisir, dans une enquête réalisée auprès d’usagers sur l’illectronisme, a identifié de nombreux autres freins. A commencer par une allergie totale à la manipulation des outils informatiques et donc d’Internet ! Près de 60% des non internautes de plus de 70 ans reconnaissent ne pas s’intéresser du tout à Internet. Sont aussi pointés du doigt le manque de réseau internet fiable et suffisamment rapide, les parcours d’utilisateurs peu ergonomiques et l’absence d’équipement personnel. Sans oublier l’impossibilité de faire état de situations n’entrant pas dans les cas habituels.

Des solutions existent pour lutter contre l’illectronisme

Conséquences pour les victimes de l’illectronisme, des inégalités, un sentiment de honte et d’exclusion qui accroit le risque d’isolement relationnel. Rappelons que selon un sondage réalisé en 2017, plus d’un tiers des plus de 75 ans avouaient n’avoir personne avec qui parler de sujets personnels…

L’illectronisme n’est pas pour autant une fatalité. Dans le livre blanc de la SPS, Marie-Jeanne Clairet, administratrice de l’UFC-Que Choisir, estime que les entreprises et surtout les administrations doivent se mobiliser. Et « tout mettre en Å“uvre pour faciliter au plus grand nombre l’accès à ces nouveaux outils Â». Pour les personnes âgées, cela peut prendre la forme d’un accompagnement de proximité et surtout personnalisé pour acquérir les compétences de base. L’idée étant de pouvoir utiliser les services dématérialisés, mais aussi des réseaux sociaux qui permettent de garder le contact avec la famille. Des dispositifs s’appliquent aussi pour améliorer l’accès au numérique, simplifier les demandes en ligne, proposer des services d’assistance à domicile.

De leur côté, les usagers, si l’on en croit l’UFC-Que Choisir, ne demandent qu’une chose : la simplification ! Des démarches, des boites vocales de dialogue, des mots de passe, du vocabulaire utilisé… Et la possibilité d’avoir recours, si besoin, à un humain à tout instant !

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